Révolution des Œillets: La Chute du Régime Salazariste
Le Portugal marque aujourd’hui le cinquantième anniversaire de la révolution des Œillets, ce soulèvement militaire historique du 25 avril 1974 qui renversa le régime autoritaire de Salazar en place depuis 1933. Des jeunes officiers du Mouvement des Forces Armées (MFA) ont défilé pacifiquement dans les rues de Lisbonne, arborant des œillets rouges sur leurs vestes et fusils, symboles de la révolution.
Contexte et Signification de la Révolution
Le programme du MFA, résumé par les 3D (développement, démocratie et décolonisation), s’opposait aux valeurs du régime salazariste, symbolisées par les 3 F (fado, Fátima et football). Cette révolution intervient dans un Portugal marqué par une guerre coloniale coûteuse et des conditions économiques difficiles.
La Nuit de la Révolution
Au petit matin du 25 avril 1974, les militaires prennent le contrôle de Lisbonne sans effusion de sang. Les ministères, les médias et d’autres institutions clés sont occupés, tandis que le Premier ministre Marcelo Caetano se réfugie dans une caserne. Dans la soirée, les putschistes annoncent la chute du gouvernement et la promesse d’élections libres.
Fin de l’Ère Salazariste
La révolution entraîne la chute du régime salazariste, marquant la fin de décennies de dictature. Salazar, fondateur de l’Estado Novo, est écarté du pouvoir et succédé par Caetano, avant d’être contraint à l’exil. Cette révolution met fin à près de cinquante ans de régime autoritaire au Portugal.
Émergence de la Démocratie
La révolution des Œillets ouvre la voie à la démocratie. Malgré des tensions politiques post-révolutionnaires, le Portugal établit progressivement un régime démocratique, marqué par des élections législatives et présidentielles. Le 25 avril devient un jour férié, célébré comme le jour de la liberté à travers le pays.
Commémoration et Symboles
Chaque année, le 25 avril est célébré sur l’avenida da Liberdade de Lisbonne, où un défilé populaire rappelle l’importance de cette révolution. Les participants arborent des œillets rouges, symboles de la liberté retrouvée et de la lutte pour la démocratie.
Regard Critique sur les 40 Ans de la Révolution des Œillets au Portugal
« Destruction des Valeurs Révolutionnaires »
« Depuis le début de la crise, on assiste tout simplement à la destruction des valeurs de la révolution », déplore le colonel Vasco Lourenço, l’un des principaux responsables du mouvement des capitaines d’avril qui a renversé il y a 40 ans la dictature salazariste au Portugal.
« Menace sur les Acquis Sociaux »
« L’Etat social, la santé, l’éducation, les retraites, tous les acquis sociaux de la révolution sont aujourd’hui menacés par les politiques d’austérité », déclare à l’AFP cet homme de 71 ans aux tempes chenues et à la carrure massive.
« Révolution des Œillets: Bilan et Héritage »
« Les objectifs de la révolution ont été atteints. Ce sont les partis politiques qui ont échoué ensuite », estime cet ancien capitaine, qui préside l’Association du 25 avril dont la mission est de défendre la mémoire de la révolution.
« Fossé entre les Riches et les Pauvres »
« Le fossé entre les riches et les pauvres, qui s’était réduit après la révolution, ne cesse de se creuser à nouveau », souligne Vasco Lourenço.
« Symboles et Résistance »
Le matin du 25 avril 1974, Lisbonne se réveille au son des chars qui pénètrent dans la ville. Les jeunes militaires, accueillis avec enthousiasme par les Lisboètes, accrochent au bout de leurs fusils des oeillets rouges, une fleur de saison qui devient aussitôt le symbole de ce soulèvement pacifique.
« Crise et Opposition »
« Toutes ces coupes drastiques dans les salaires des fonctionnaires ou les retraites sont tout simplement du vol », proclame-t-il sans ambages.
« Nouveau 25 avril »
« Il faut un changement, c’est sûr, mais qui doit se faire selon les règles démocratiques », tient-il toutefois à préciser.
L’Eurovision : Un Prélude Inattendu
Lors de l’Eurovision en avril 1974, Paulo de Carvalho présente E depois do adeus qui, bien qu’ayant fini dernière, devient le signal de départ pour le mouvement révolutionnaire.
Un Souffle de Révolte
À cette époque, le Portugal étouffe sous la dictature depuis des décennies. Les guerres coloniales suscitent un mécontentement croissant parmi la population.
Signaux Codés
Pour coordonner le coup d’État sans éveiller les soupçons, les militaires choisissent deux chansons comme signaux. « E depois do adeus » indique le moment de se préparer, tandis que « Grândola, Vila Morena » lance le mouvement.
Le Déclencheur : « Grândola, Vila Morena »
Cette chanson de José Afonso devient le symbole de la révolution, célébrant l’amitié et la fraternité, diffusée juste avant le début des opérations.
L’Hommage à Paulo de Carvalho
Bien que moins reconnue que « Grândola, Vila Morena », la contribution de « E depois do adeus » ne doit pas être sous-estimée. Paulo de Carvalho a été décoré de l’Ordre de la Liberté pour son rôle dans cet événement historique.